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Rendez-vous avec Gisèle Gravel

Pionnière du judo au Québec et athlète de haut niveau, Gisèle Gravel contribue à l’essor du judo féminin depuis plus de 50 ans. Intronisée au Temple de la renommée de Judo Canada et chevalière de l’Ordre du Québec, elle est l’une des rares ceintures noires canadiennes à avoir obtenu le 7e dan. À 77 ans, elle dirige toujours sa propre école de judo au Saguenay.

 

OÙ ÊTES-VOUS NÉE ET DANS QUEL GENRE DE FAMILLE AVEZ-VOUS GRANDI?

Je suis née à Saint-Jean-Vianney, au Saguenay, en 1941. Je suis la première de cinq enfants. J’ai quatre frères plus jeunes. En ce temps-là, les garçons pas- saient avant les filles, pour les études, pour tout. Mes parents valorisaient beau- coup mes frères, tandis que je restais dans l’ombre. J’étais très complexée. C’est grâce au judo que j’ai réussi à déve- lopper ma confiance en moi.

 

COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE JUDO?

Vers 15 ans, mes parents m’ont envoyée étudier pendant deux ans à l’École d’agri- culture de Chicoutimi, où on enseignait aux filles à devenir de bonnes mères et de bonnes épouses. Je me suis mariée à 17 ans, et à 21 ans j’étais mère de deux filles. J’ai suivi mon mari à Québec et à Thetford Mines, puis nous nous sommes installés à Baie-Comeau, sur la Côte- Nord. On y offrait des cours de judo, et je m’y suis inscrite, à 23 ans.

CE SPORT A-T-IL CHANGÉ VOTRE VIE?

Oui ! J’ai senti tout de suite que j’étais faite pour le judo. J’entrais dans le dojo, je faisais mon salut, et le monde exté- rieur n’existait plus. Peu à peu, je me suis rendu compte que j’étais aussi capable que d’autres. J’ai appris à tomber et à me relever la tête haute, dans mon sport comme dans la vie. J’ai divorcé de mon premier mari, et en 1979 j’ai épousé mon entraîneur, Gildor Pearson. Il a été mon complice pendant 47 ans. Il croyait en moi et m’a toujours encouragée.

VOUS ÊTES DEVENUE LA PREMIÈRE ENTRAÎNEUSE DE JUDO AU QUÉBEC, À UNE ÉPOQUE OÙ CE SPORT ÉTAIT ENCORE MAL VU POUR LES FEMMES. QU’EST-CE QUI VOUS Y A POUSSÉE?

Lorsque j’ai commencé le judo, je me suis rendu compte que les filles avaient autant besoin que moi de ce sport, et j’ai voulu l’enseigner. Gildor avait une école de judo, le Judokwai. Nous avons formé une division pour les filles, qui est devenue le plus grand club de judo fé- minin en Amérique du Nord, comptant une centaine d’élèves. À l’époque, il n’y avait aucune compétition féminine et les femmes n’avaient pas le droit d’arbitrer. Je me suis battue pour tout, et surtout pour faire reconnaître les femmes en tant que judokas à part entière.

 

VOUS AVEZ VOUS-MÊME CONNU UN PARCOURS EXCEPTIONNEL EN JUDO…

Oui, je suis l’une des rares femmes au Québec et au Canada à avoir obtenu le grade de ceinture noire 7e dan. Au fil de ma carrière, j’ai formé 60 ceintures noires de judo, dont 50 femmes. J’ai fait de la compétition pendant plus de 45 ans, et je n’ai arrêté qu’en 2015, à 72 ans. Mais je dirige toujours mon école de judo mixte, le Ju-Shin-Kan, à Laterrière, au Saguenay.

QU’EST-CE QUI VOUS MOTIVE .CONTINUER ?

Je veux apporter aux jeunes ce que le judo m’a donné : la confiance en soi, la patience, la persévérance, l’endurance et l’entraide. Le judo est une école de vie, une discipline à la fois physique et mentale qui les accompagnera toujours.

 

Source: Revue Reflets de l’AQRP