Après une carrière riche en médailles sur le plan national et international, l’heure de la retraite a sonné pour Étienne Briand. Prenant du recul après plus de 12 années de compétition, l’athlète originaire de Sept-Îles s’est confié sur les raisons qui ont motivé sa décision ainsi que sur son avenir.
JQ : Étienne, à 30 ans, qu’est-ce qui t’a poussé à prendre ta retraite de la compétition?
Etienne : Cela s’est fait naturellement. Au fil des ans, les coups sont plus difficiles à encaisser mais surtout, je poursuis mes études de doctorant en économie à l’UQAM. À deux années d’obtenir mon diplôme, le temps que je pouvais consacrer au judo ne suffisait plus pour maintenir un haut niveau de performance. Je me concentre sur mon cursus et j’espère intégrer un jour une grande institution et commencer une nouvelle carrière, cette fois dans le domaine de l’économie.
JQ : Tu es parti de la maison à 15 ans pour rejoindre le Centre National. Quel souvenir gardes-tu de cette période de ta vie?
Etienne : Quand je suis arrivé à Montréal, je n’avais pas de doute sur ce que je désirais faire, sur les objectifs à atteindre. Je ne me posais pas trop de questions, même si l’aspect financier était parfois une source de stress. J’avais une détermination sans faille pour avancer. Ces années n’ont pas toujours été faciles, mais j’en garde tout de même un bon souvenir.
JQ : Tu as eu une carrière sportive bien remplie, avec plus de 12 ans de compétitions internationales, et tu as réussi parallèlement à poursuivre des études en économie (Bac en Maths et Économie, diplômé M.Sc. en sciences économiques et Doctorat à l’UQAM). Comment gérais-tu ton temps pour concilier tout cela?
Etienne : Jusqu’au début du Doctorat, les études n’étaient pas spécialement un enjeu pour moi. Je pouvais suivre les cours à distance et j’ai réussi mon baccalauréat sans vraiment assister aux cours! (Rires.) Il faut ensuite replacer les choses dans leur contexte. La pandémie a beaucoup freiné les activités sportives. C’est là que j’ai pu m’engager au Doctorat. J’ai pu étudier parallèlement aux entrainements et aux voyages à l’étranger pour les tournois. Toutefois, au fil de mon parcours scolaire, la charge de travail a rendu la pratique du judo plus difficile. J’ai pris du recul, et j’ai privilégié mon diplôme aux podiums.
JQ : Comment envisages-tu l’avenir désormais, dans la vie et par rapport au judo?
Etienne : Je me consacre entièrement à mes études et à ma future carrière. J’étudie à temps plein et j’ai la chance de pouvoir le faire grâce aux bourses et à ma place de doctorant à l’UQAM. Pour l’instant, je vais prendre une pause du judo. Qui sait, peut-être que plus tard, je pourrai mettre mon expérience au service des nouvelles générations.
JQ : Justement, en parlant des nouvelles générations, quel serait ton meilleur conseil aux jeunes judokas?
Etienne : Ils doivent s’investir à fond. Pas à 80%, mais bien à 100% dans ce qu’ils entreprennent. Parfois, la vie demande de faire des choix difficiles. Il faut bien évaluer les conséquences et prendre des décisions, mais une fois les choix faits, il faut se donner à fond. Dans ma carrière, j’ai eu beaucoup de décisions à prendre, mais à chaque fois, j’ai donné tout ce que j’avais pour atteindre mes objectifs. Je me dis parfois qu’il est dommage de voir certains jeunes à fort potentiel qui sont loin de tout donner pour réussir. Aussi, je ne saurais trop inciter les jeunes à poursuivre leurs études parallèlement à leur parcours sportif. Aujourd’hui, je suis très heureux de pouvoir compter sur mes diplômes pour avoir une carrière et un avenir ailleurs que dans le judo.
JQ : Pour revenir à ta carrière sportive, quel est ton plus beau souvenir de judoka?
Etienne : Lorsque j’étais au Centre d’Entrainement National, j’avais une belle complicité avec mon coach, Michel Almeida. Parfois, on tombe sur une personne avec qui ont sait d’emblée que tout va bien se passer. Avec lui, j’arrivais à me dépasser tout en sachant qu’il était là pour me soutenir, quel que soit le résultat. Se sentir épaulé, ça donne envie de faire plus. Les podiums qu’on a gravis ensemble restent mes meilleurs souvenirs.
JQ : Pour finir, quel est le plus grand regret de ta carrière de judoka?
Etienne : Il n’y en a pas vraiment. J’ai toujours assumé mes choix et donné tout ce que je pouvais. S’il faut sortir un mauvais souvenir, je dirais que c’est un combat perdu en championnat du monde, alors que je suis persuadé de l’avoir gagné. Je n’ai jamais voulu revoir les images. Certaines décisions sont parfois dures à comprendre, mais c’est comme ça. Il faut accepter l’adversité et aller de l’avant.
Merci Étienne de nous avoir consacré ce moment. Nous te souhaitons une belle retraite et, surtout, nous espérons te revoir rapidement sur ou au bord des tatamis. Un immense bravo pour ta carrière! Judo-Québec est fier de t’avoir eu comme représentant sur la scène internationale. Bonne retraite!
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